Sommaire :
Qu'est-ce que l’Aide au Retour à l’Emploi (ARE) ?
Définition et principe de fonctionnement
L’Aide au Retour à l’Emploi (ARE) est une allocation versée par l’assurance chômage aux personnes involontairement privées d’emploi dans le but de compenser partiellement la perte de revenus liée à une rupture de contrat de travail. Elle constitue le principal dispositif de soutien aux demandeurs d’emploi en France et vise à favoriser la réinsertion professionnelle dans les meilleures conditions possibles.
L’aide au retour à l’emploi repose sur un mécanisme contributif : elle est financée par les cotisations sociales versées à l’Unédic par les employeurs et les salariés du secteur privé. L’Aide au Retour à l’Emploi est versée par France Travail (anciennement Pôle emploi) et son montant dépend directement du salaire antérieur perçu par le demandeur d’emploi, ainsi que de la durée d’affiliation au régime d’assurance chômage.
L’ARE s’inscrit dans une logique d’accompagnement actif vers l’emploi : elle est conditionnée à une inscription en tant que demandeur d’emploi, à une recherche active de travail et à l’acceptation d’un projet personnalisé d’accès à l’emploi. En contrepartie, l’aide au retour à l’emploi permet au bénéficiaire de sécuriser financièrement sa période de transition, tout en accédant à des dispositifs de formation ou d’accompagnement renforcé.
Différence entre ARE et autres aides pour les demandeurs d'emploi
L’Aide au Retour à l’Emploi se distingue d’autres aides financières destinées aux demandeurs d’emploi par son caractère contributif et son lien direct avec l’assurance chômage. Contrairement au Revenu de Solidarité Active (RSA) qui s’adresse aux personnes disposant de faibles ressources sans exigence de cotisations antérieures, ou à l’Allocation de Solidarité Spécifique (ASS) qui intervient en fin de droits, l’ARE est réservée aux personnes ayant travaillé et cotisé un certain temps avant la rupture de leur contrat.
L’ARE est donc la principale indemnisation des chômeurs ayant eu une activité salariée antérieure significative, tandis que les autres aides comme le RSA ou l’ASS relèvent de la solidarité nationale et ne nécessitent pas toujours un historique de cotisations.
Grâce à ce positionnement central dans le système d’assurance chômage, l’Aide au Retour à l’Emploi reste un levier fondamental de sécurisation des parcours professionnels, particulièrement dans un marché du travail en constante évolution.
Conditions d'éligibilité à l'ARE
Critères de durée d'affiliation exigés
Pour bénéficier de l’Aide au Retour à l’Emploi, un demandeur d’emploi doit justifier d’une durée minimale de travail sur une période donnée. En 2025, l’une des conditions majeures pour ouvrir des droits à l’ARE est d’avoir travaillé au moins six mois (soit 130 jours ou 910 heures) au cours des 24 derniers mois précédant la fin du contrat de travail. Cette période de référence est étendue à 36 mois pour les personnes âgées de 53 ans ou plus. Seules les périodes de travail salarié, relevant du régime d’assurance chômage, sont prises en compte dans ce calcul de l’aide au retour à l’emploi .
Cette exigence vise à garantir que l’Aide au Retour à l’Emploi bénéficie aux personnes ayant contribué de manière significative au système de l’assurance chômage. Il est donc essentiel de conserver ses bulletins de salaire et ses attestations employeur, car ces justificatifs seront demandés lors de l’instruction du dossier.
Situations de fin de contrat ouvrant droit à l'ARE
Toutes les fins de contrat ne donnent pas droit automatiquement à l’Aide au Retour à l’Emploi. Pour ouvrir des droits, le départ de l’emploi doit résulter d’une situation considérée comme involontaire. Cela comprend notamment les licenciements (économiques ou personnels), les fins de contrat à durée déterminée (CDD), les missions d’intérim achevées ainsi que les ruptures conventionnelles homologuées.
Il est également indispensable d’être inscrit comme demandeur d’emploi auprès de France Travail (ex-Pôle emploi) dans un délai de 12 mois suivant la rupture du contrat. L’inscription doit être accompagnée d’une recherche active d’emploi, condition essentielle pour le maintien des droits à l’ARE.
Cas particuliers d’éligibilité
Certains cas dérogatoires permettent d’accéder à l’Aide au Retour à l’Emploi même en dehors des conditions habituelles. C’est notamment le cas des démissions considérées comme légitimes. Il peut s’agir, par exemple, d’une démission pour suivre un conjoint muté ou d’un départ motivé par la reprise d’un CDI qui a finalement été rompu par l’employeur peu de temps après l’embauche.
Les cas de démission légitime sont précisément listés dans la réglementation et font l’objet d’une instruction stricte de la part de France Travail. Pour être pris en compte, chacun de ces cas doit être justifié par des documents probants (attestation de mutation, contrat de travail, justificatif de rupture…). Il est donc essentiel de bien se renseigner avant toute démarche de démission si l’on souhaite conserver ses droits à l’ARE.
En outre, les travailleurs frontaliers, les intermittents du spectacle, les marins ou encore certains anciens agents contractuels peuvent, sous conditions, accéder à une forme spécifique de l’ARE. Chaque profil fait l’objet d’un traitement particulier par France Travail, en fonction de son statut et de son historique de cotisation à l’assurance chômage.
Calcul du montant de l'Aide au Retour à l'Emploi
Méthode de calcul du salaire journalier de référence
Le calcul du montant de l’Aide au Retour à l’Emploi repose avant tout sur le salaire journalier de référence (SJR). Ce SJR est déterminé à partir des rémunérations perçues au cours des 24 mois précédant le dernier jour travaillé et payé (36 mois pour les plus de 53 ans). L’ensemble des salaires bruts soumis à cotisation est pris en compte, y compris les primes, sauf exceptions (indemnités de rupture, rémunérations non soumises à cotisation…).
Le nombre de jours d'affiliation, hors jours non travaillés, permet ensuite de déterminer une moyenne :
SJR = total des salaires bruts / nombre de jours travaillés (hors jours de maladie ou sans contrat).
Formule de calcul de l'allocation journalière
Une fois le salaire journalier de référence établi, le montant de l’allocation ARE est calculé selon deux formules. Le montant retenu est celui le plus avantageux pour le demandeur d’emploi :
- 40,4 % du SJR + 12,95 € (montant fixe au 1er juillet 2024)
OU
- 57 % du SJR
Ces deux formules permettent de personnaliser le montant de l’Aide au Retour à l’Emploi en fonction du profil du demandeur. L’allocation journalière ainsi obtenue est versée mensuellement avec un ajustement si le demandeur a eu une activité partielle au cours du mois.
Montants minimum et maximum de l'ARE
L'Aide au Retour à l'Emploi est soumise à des montants planchers et plafonds, régulièrement revalorisés. En 2025, le montant minimum versé au titre de l'Aide au Retour à l'Emploi est de 32,13€ brut par jour, sauf pour les anciens salariés à temps partiel pour lesquels un seuil spécifique peut s’appliquer.
À l'inverse, un plafond limite le montant maximal de l'Aide au Retour à l'Emploi. Ce plafond ne peut dépasser 70% du salaire journalier de référence. Ainsi, au 1er juillet 2025, l'allocation journalière brute ne peut excéder 294,21€ brut par jour. Ce montant maximal s'applique notamment aux personnes ayant perçu un salaire élevé avant la perte de leur emploi.
Ces bornes permettent d’encadrer l’Aide au Retour à l’Emploi afin de garantir une équité entre allocataires, tout en assurant une couverture proportionnelle aux revenus antérieurs. Elles sont mises à jour chaque année selon l’évolution des salaires et des indices socio-économiques.
Durée d'indemnisation de l'ARE
Règles de calcul de la durée d'indemnisation
La durée pendant laquelle un demandeur d’emploi peut percevoir l’Aide au Retour à l’Emploi dépend directement de sa durée d’affiliation antérieure. En règle générale, pour bénéficier de l’ARE, il faut avoir travaillé au moins 130 jours ou 910 heures (environ 6 mois) au cours des 24 derniers mois précédant la fin du contrat de travail (ou 36 mois pour les plus de 53 ans). Ce critère d’affiliation conditionne également la durée maximale d’indemnisation.
La durée d’indemnisation correspond généralement à la durée d’emploi effectuée pendant la période de référence, dans la limite de :
- 730 jours (soit 24 mois) pour les moins de 53 ans ;
- 913 jours (soit 30 mois) pour les demandeurs d’emploi âgés de 53 ou 54 ans ;
- 1 095 jours (soit 36 mois) pour les 55 ans et plus.
Le calcul de l’aide au retour à l’emploi se base sur les périodes travaillées, les éventuelles périodes assimilées (maladie, maternité) et les droits précédemment ouverts.
Cas particuliers et prolongations possibles
Certaines situations spécifiques permettent une prolongation de la durée de versement de l’Aide au Retour à l’Emploi. C’est notamment le cas lorsque le bénéficiaire suit une formation dans le cadre d’un projet personnalisé d’accès à l’emploi (PPAE). Dans ce contexte, le versement peut être maintenu sous la forme de l’Aide au Retour à l’Emploi Formation (AREF), qui assure la continuité du revenu pendant la durée de la formation validée par France Travail.
Des extensions sont également prévues pour les seniors proches de la retraite ou les personnes handicapées, sous certaines conditions précises. Ces prolongations visent à éviter une rupture de droits en phase de transition professionnelle complexe.
Droits rechargeables à l’ARE
Le dispositif des droits rechargeables permet à un demandeur d’emploi ayant repris une activité professionnelle tout en percevant partiellement l’ARE d’ouvrir de nouveaux droits en cas de perte ultérieure de cet emploi. Pour cela, il doit avoir retravaillé au moins 130 jours ou 910 heures depuis l’ouverture de ses précédents droits.
Lorsqu’un nouveau droit est ouvert, le demandeur peut choisir entre l’ancien droit restant et le nouveau selon le montant journalier le plus avantageux. Ce système permet une sécurisation des parcours professionnels discontinus et favorise le retour à l’emploi même de courte durée.
Démarches pour percevoir l’Aide au Retour à l’Emploi
Inscription à Pôle emploi et demande d’allocation
Pour pouvoir bénéficier de l’Aide au Retour à l’Emploi, la première étape indispensable consiste à s’inscrire comme demandeur d’emploi auprès de France Travail (ex-Pôle emploi). Cette démarche peut être effectuée en ligne sur le site officiel, à partir du lendemain de la fin du contrat de travail. Une fois l’inscription validée, le demandeur est convoqué à un entretien de situation avec un conseiller au cours duquel il peut déposer sa demande d’ARE.
Cette demande d’Aide au Retour à l’Emploi ne peut être traitée qu’après la réception de l’ensemble des pièces justificatives, dont le formulaire d’inscription, l’attestation employeur, le contrat de travail et le relevé d’identité bancaire. Il est donc important d’anticiper la constitution du dossier pour éviter tout retard dans le versement.
Documents nécessaires et délais de traitement
Le dossier de demande d’ARE doit contenir plusieurs documents essentiels : l’attestation employeur destinée à France Travail, une copie du contrat de travail, les bulletins de salaire des derniers mois, et un RIB à jour. Le demandeur peut également devoir justifier de sa situation familiale ou de ses précédentes périodes d’emploi.
Une fois le dossier complet déposé, le délai de traitement varie en fonction des situations individuelles et de la charge de travail des agences. En règle générale, les premiers versements de l’Aide au Retour à l’Emploi interviennent dans un délai de trois à quatre semaines, sous réserve de l’absence de différé d’indemnisation ou de carence.
Actualisation mensuelle et maintien des droits
Percevoir l’ARE n’est pas automatique : le demandeur d’emploi doit s’actualiser chaque mois pour confirmer qu’il est toujours à la recherche d’un emploi. Cette actualisation peut se faire en ligne, par téléphone ou en agence dans une période bien définie (généralement entre le 28 et le 15 du mois suivant).
Le non-respect de cette obligation peut entraîner la suspension temporaire du versement de l’Aide au Retour à l’Emploi, voire la radiation du demandeur d’emploi en cas de récidive. Il est donc crucial de respecter scrupuleusement les échéances pour garantir le maintien de ses droits.
L'ARE et la reprise d'activité
Cumul ARE et activité professionnelle réduite
La reprise d'une activité professionnelle à temps partiel ou réduite n'entraîne pas nécessairement la fin de l'Aide au Retour à l'Emploi. Il est en effet possible de cumuler l'ARE avec des revenus issus d'une nouvelle activité, à condition de respecter certains plafonds. Ce dispositif permet de maintenir une part de l'allocation tout en favorisant la reprise progressive d'une activité. Le montant de l’ARE est alors ajusté en fonction des salaires perçus et du nombre de jours travaillés dans le mois. Ce cumul est plafonné pour éviter que les revenus totaux (allocation + salaire) ne dépassent le salaire antérieur de référence. Pour continuer à percevoir l’Aide au Retour à l’Emploi dans ces conditions, il est indispensable de déclarer précisément ses revenus mensuels lors de l’actualisation.
L’ARCE pour les créateurs d’entreprise
Les bénéficiaires de l’Aide au Retour à l’Emploi qui envisagent de créer ou reprendre une entreprise peuvent opter pour l’Aide à la Reprise ou à la Création d’Entreprise (ARCE). Cette aide consiste en un versement partiel des droits à l’ARE sous forme de capital. Elle permet d’apporter une trésorerie immédiate pour financer le démarrage de l’activité. Le montant versé correspond à 60% du reliquat des droits restants à l’ouverture du droit, versés en deux fois. Pour en bénéficier, le demandeur d’emploi doit obtenir une validation de son projet entrepreneurial dans le cadre du dispositif d'accompagnement à la création. L’ARCE constitue une alternative stratégique pour ceux qui souhaitent entreprendre tout en sécurisant financièrement leur projet. À noter que le choix de l’ARCE est irrévocable, ce qui signifie que les droits restants à l’ARE ne peuvent plus être réactivés en cas d’échec du projet.
Impact d'une formation sur le versement de l'ARE
S'engager dans une formation pendant la période de chômage peut avoir un impact sur le versement de l’Aide au Retour à l’Emploi. Lorsqu’un demandeur d’emploi suit une formation agréée par France Travail, l’ARE peut être remplacée par l’ARE Formation (AREF). Le montant de l’AREF est identique à celui de l’ARE, mais elle est versée pendant toute la durée de la formation, même au-delà des 182 jours consécutifs habituellement limités par l’ARE classique. La formation doit être validée dans le cadre du Projet Personnalisé d’Accès à l’Emploi (PPAE). Ce mécanisme permet de sécuriser le parcours de formation des demandeurs d’emploi tout en maintenant une continuité dans leur indemnisation. En cas de formation non agréée, l’ARE peut être suspendue sauf si la formation est compatible avec la recherche d’emploi.
Situations impactant le versement de l'Aide au Retour à l'Emploi
Maladie, maternité et suspension de l'ARE
Lorsqu’un bénéficiaire de l’Aide au Retour à l'Emploi tombe malade ou part en congé maternité, ses droits sont automatiquement suspendus. Durant cette période, ce sont les prestations de l'Assurance Maladie qui prennent le relais (indemnités journalières). Cette suspension n'entraîne pas de perte de droits : la durée d'indemnisation restante est simplement reportée à la reprise des droits ARE après l'arrêt. Le bénéficiaire doit impérativement déclarer tout arrêt maladie ou congé maternité à France Travail pour éviter toute anomalie de versement ou radiation.
Sanctions et radiations : conséquences sur l'ARE
Un manquement aux obligations liées à la recherche d'emploi peut entraîner des sanctions. En cas d'absence à un entretien, de refus répété d’offres raisonnables ou d'oubli d'actualisation mensuelle, France Travail peut décider d’une suspension temporaire ou d’une radiation. La radiation a pour effet immédiat l'interruption du versement de l'Aide au Retour à l'Emploi. Pour retrouver ses droits, le demandeur devra se réinscrire, mais selon les cas, un nouveau délai d'attente peut s'appliquer. La régularité des démarches et l’assiduité sont donc essentielles au maintien des versements.
Départ à l'étranger et exportation des droits
Il est possible de quitter temporairement la France tout en continuant à percevoir l'Aide au Retour à l'Emploi, mais uniquement sous certaines conditions. Pour un séjour court (jusqu’à 35 jours), il suffit d’en informer France Travail. En revanche, pour travailler ou chercher un emploi dans un autre pays de l’Union européenne, un formulaire U2 peut permettre d’exporter ses droits à l’ARE pendant 3 mois, renouvelables une fois. Au-delà de ce cadre, un départ non déclaré à l’étranger entraîne une radiation et la perte des allocations. Toute mobilité doit donc être anticipée et déclarée pour éviter la suspension du versement.
L’Aide au Retour à l’Emploi constitue un pilier fondamental du système d’assurance chômage en France. Elle permet d’assurer une continuité de revenu pour les personnes involontairement privées d’activité, tout en favorisant leur retour vers l’emploi grâce à un accompagnement adapté. De l’éligibilité aux modalités de calcul, en passant par la durée d’indemnisation et les démarches à effectuer, chaque aspect de l’ARE est encadré par une réglementation précise qu’il est essentiel de bien connaître pour bénéficier pleinement du dispositif.
Cependant, ce cadre peut évoluer régulièrement au fil des réformes. Il est donc fortement recommandé de consulter les informations actualisées auprès de France Travail, de suivre les mises à jour officielles, et de ne pas hésiter à se faire accompagner dans ses démarches. L’Aide au Retour à l’Emploi peut constituer un levier précieux dans une période de transition professionnelle, à condition d’en comprendre les droits, les devoirs, et les opportunités.